La chaleur d’aujourd’hui m’a ensommeillée et comme il nous arrive à tous parfois, je tenais un rêve que je ne voulais lâcher.
En me réveillant j’ai voulu lui écrire pour le lui décrire et puis à quoi bon ? ! Il n’a jamais voulu entendre, il n’a jamais voulu comprendre…
Pourtant lui poser par mail juste la question ‘ Allez vous bien ? ‘ me tient fortement.
C’était lui sans être lui, c’était un lui vivant, riant, souriant et aimant ; celui que j’ai connu un peu mais si peu, seulement lorsqu’il lâchait prise, lorsqu’il descendait de son trône de PSY et que son regard bleu acier prenait quelque chose d’humain.
Ces moments si rares sont gravés en ma mémoire dans la catégorie VIE, comme ce jour où nous sommes tombés ensemble sur le divan dont nous changions la place réagençant la disposition de son cabinet par souci d’aisance avec ses béquilles. Les jours où il venait dans mon bureau avec un gâteau m’affirmant que le pâtissier d’en bas l’avais obligé à me l’acheter. Les fous rires lorsque allongée sur ce même divan, je m’amusais à le regarder sous ses lunettes. Cet après midi où nous avons choisi ensemble son nouveau fauteuil qui ne grincerait pas comme l’ancien. Les jours de claquage de portes où il m’attendait devant mon bureau craignant que je ne revienne pas…
Ces instants où il était là, vraiment là, comme dans ce rêve…
Intemporel et sans adresse, je suis juste face à lui et il me sourit.
Il existe des personnes autour mais servant presque de décors. J’entends sa voix qui me demande de me rapprocher de lui et il saisit ma main… Nous ne marchons pas ensemble nous flottons. Ma joue effleure sa veste de couleur rouge, elle est douce au contact, des effluves délicates me parviennent et je retrouve son odeur.
A cet instant, je ne sais plus s’il s’agit d’un rêve ou d’une réalité et par cette ignorance je me persuade de ne surtout pas ouvrir les yeux pour ne rien briser.
Il me parle. Que me dit il ?
Sa voix me parvient comme s’il se trouvait à des dizaines de mètres et pourtant il est près de moi.
Je lui parle et il semble ne pas m’entendre non plus, alors me reviennent ces moments douloureux où il ne m’entendait pas et où pourtant je lui criais
‘ je vous aime’
Mais non, ce n’est pas la même chose qui se répète puisqu’il tient ma main… Et d’ailleurs je le tutoie ce qui me surprend… d’ailleurs…
Une vieille dame nous demande de prendre le thé, il lui répond que nous n’en avons pas le temps… Il semble bien la connaitre à la façon dont il lui sourit…
Ce n’est pas son sourire de convenance ‘psy’, c’est son vrai sourire…
Nous faisons encore quelques pas mais sur une route cette fois, puis il s’arrête net et me prend dans ses bras.
Ses lèvres se posent sur le miennes presque pour me faire taire car je parle encore. Son baiser est aussi doux que je l’eut imaginé tant de fois par le passé et puis je sens qu’il s’éloigne et je ne le veux pas mais les mots ne sortent plus car je pense fortement à cet instant que ce sont eux, les mots, qui ont tout gâché…
Ainsi je me suis réveillée, des larmes coulant sur mes joues et mouillant mes lèvres comme les traces d’un baiser à jamais rêvé…
Je me souviens, à cet instant, que sur son écran d’ordinateur très souvent j’ai vu le même article ‘ Un amour de transfert’ et si je devais lui dire quelque chose après toutes ces années, ce serait simplement qu’il n’a pas vu plus loin que le bout de son nez et que la vérité se trouve ailleurs que dans les pages des centaines de livres de sa bibliothèque ! Que la cybernétique ne remplacera jamais l’âme d’un cœur humain !
Qu’ un contact 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 entre un homme et une femme durant des mois et des années ne fera jamais une relation psy/patiente.
Que ‘patiente’ je l’ai été mais dans sa définition première et que parfois l’on préfère se flageller soi même pour ne plus souffrir par l’autre…………
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